Satoshi VM, un lancement discutable ?!
Pour ceux qui me suivent depuis un moment, vous ne serez pas surpris.
Mais pour les quelque 250 nouveaux membres qui ont rejoint ce dernier mois, vous allez peut-être découvrir que cette newsletter est écrite en partenariat avec Bubblemaps.
L’outil de visualisation d’activité on-chain le plus visuel du marché, et de loin.
Je les remercie pour leur soutien, mais surtout pour ce qu’ils apportent à l’industrie dans son ensemble.
Comme d’habitude, plutôt que de vous faire une présentation un peu monotone et redondante du produit vraiment incroyable que propose l’entreprise. Je préfère écrire des articles qui mettent en évidence la valeur ajoutée de leur proposition, tout en vous apportant de la valeur ajoutée avec.
L’objectif est que tout le monde s’y retrouve, et aujourd’hui, nous allons reprendre un des derniers threads qu’à fait le projet sur le projet Satoshi VM.
La première phrase du Thread, c’est : “Le lancement du token SAVM, à fait des milionnaires“.
Nous n’allons pas revenir sur le Thread, je vous conseille de le lire directement.
Par contre, nous allons plutôt en tirer parti pour comprendre un aspect important à prendre en compte lorsque vous analyserez le lancement d’un token qui vous intéresse à l’avenir.
Globalement, le projet Satoshi VM, c’est la vision d’un zkRollup pour Bitcoin qui utiliserait le BTC pour son système de gas et qui serait compatible avec Ethereum.
Pour être tout à fait franc, je n’ai pas étudié le projet puisque pour le moment. J’attends, j’observe l’évolution de Bitcoin pour voir si, effectivement, l’espace de bloc de la chaine principale suffira pour encaisser l’implémentation d’un semblant de smart-contract dessus.
Et surtout de voir si l’exécution d’une multitude de contrats, imaginons autant qu’Ethereum aujourd’hui, environ 5 millions de smart contrats déployés, ne ferait pas décoller les frais à des niveaux pas spécialement soutenables.
Là n’est pas vraiment la question, ce qui nous intéresse ici, ce sont les choix qu’ils ont faits pour le lancement de leur token.
Et est-ce que c’était un bon choix ?
Comme le dit le Thread, globalement, le lancement à fait des millionnaires. Super nan ? Eh bien, oui, mais pas tant que ça non plus.
Le projet a l’air d’avoir une bonne vision et un bon potentiel puisque le marché auquel il s’attaque à un potentiel très intéressant, bien qu’encore loin d’être opérationnel comme je vous le disais plus haut.
Comme toute entreprise de notre industrie qui veut lancer un token, il va falloir réfléchir à un plan d’action pour le lancement de ce fameux token.
Les directives les plus importantes à respecter dans ce cadre, c’est d’abord que le produit, sans aucun token, soit déjà créateur de valeur dans le marché. Qu’il soit demandé pour des raisons, autant que possible, autres que spéculatives.
Ensuite, et seulement ensuite, lorsque le produit est trouvé et que des clients éventuels seraient prêts à payer plutôt que de devoir gérer le problème qu’il résout.
Alors là, éventuellement, on peut imaginer un token pour venir sublimer le tout.
C’est le cas pour SatoshiVM, leur produit a l’air de pouvoir répondre à une demande, et j’imagine (nous regardons d’un point de vue plus élevé) qu’un token pourrait venir sublimer sa valeur existante.
Dans ce cas, l’étape d’après, c’est la création d’un modèle économique et d’incitation robuste et pertinent qui cible et récompenses les comportements bénéfiques, apportant de la valeur ajoutée au client, qui renforce la valeur perçue du produit de base.
Tout tourne autour du produit de base, pas du token.
Une fois le Token Design fini et implémenté, il reste la dernière épreuve, le saut dans le vide, le lancement sur le marché. Et là, il nous faut aussi une stratégie.
Lancer un token avec des répartitions aléatoires, et 100% débloqués au lancement est extrêmement dangereux. Encore plus aujourd’hui qu’avant puisque plus d’acteurs économiques du marché crypto se sont formés, comprennent ce qu’il se passe et arrivent à décoder les mauvais signes.
Les stratégies de lancement ne sont pas à prendre à la légère, c’est un peu comme la première impression quand nous rencontrons une nouvelle personne.
Si la première rencontre avec le marché, donne lieu à une guerre des acteurs sur un actif extrêmement volatile ou certains perdront nécessairement beaucoup quand d’autres feront le coup de leur vie.
Comment vous dire que la communauté ne va pas regarder le projet d’un très bon œil, et elle aurait raison. C’est une erreur gravissime pour un projet de négliger son entrée sur le marché.
Mais dans le même temps, nous sommes sur un marché très compétitif, ou les opportunités sont nombreuses et renouvelées constamment. Pourtant, la liquidité est encore assez rare, même si la tendance s’inverse avec le temps.
Pour un projet qui veut se lancer, et donner de la visibilité à son produit, il faut trouver un juste milieu entre des pratiques commerciales et marketing douteuses, et utiliser les outils à notre disposition pour exposer notre proposition de valeur au grand public.
Bon.
Eh bien, les décisions prises par Satoshi VM sur l’allocation des tokens et leur politique de libération n’ont pas été très judicieuses selon moi. Même si l’équipe a l’air chargée de bonnes intentions.
Une des grandes contributions que fait Bubblemaps sur son Tweeter, c’est d’enquêter sur les activités on-chain qui sont un peu douteuses. Parfois, ils ont vu juste comme sur le Thread qui parlait du déséquilibre dans la gouvernance d’Uniswap qui a tout de même fait 2000 retweets.
Ou encore celui sur Bitget.
Les cas d’études sont directement consultables sur leur site web :
Bubblemaps vient à la rescousse de tous ceux qui se font scammer ou qui détecte quelque chose d’étrange et ont besoin d’enquêteurs plus professionnels :
Nous avons besoin de ces groupes qui cherchent et mettent en évidence les fraudes sur notre marché, et l’outil de Bubblemaps est parfait pour ça. Les transactions entre les wallets sont beaucoup plus visuelles et détectables que de se perdre dans un explorateur de bloc classique à la Etherscan.
Revenons sur SatoshiVM.
Que les intentions soient bonnes ou non, les résultats de certaines décisions peuvent être légèrement moins agréables qu’on l’aurait imaginé.
Et je pense que c’est ce qu’il s’est passé avec le lancement de SatoshiVM.
Regardons la documentation du site sur l’allocation de SAVM :
Attardons notre regard sur les 15% réservés aux “Bootstrapping partners“ qui ne sont autres que les fameux “influenceurs“ que tout le monde cris sur tous les toits en ce moment.
D’après le thread de Bubblemaps, ils y en avait 250 des “Bootstrapping partners“.
Mais d’ailleurs pourquoi '“Bootstrapping partners“ ?
Tout simplement parce que la visibilité qu’ils apportent au projet permet d’attirer l’attention d’une foule d’utilisateurs potentiels. De créer un “début d’effet de réseau“ qui engendre l’arrivée des premiers membres de la base utilisateur future du produit final.
Dans l’idée, c’est le jeu, certains peuvent donner de la visibilité, ils la monétisent et ça permet à des projets d’en profiter. Si tout était fait dans les règles de l’art, il n’y aurait aucun problème.
Sauf que tout n’est pas fait dans les règles de l’art, et sur les 250 influenceurs, ne croyez pas que tous les membres de l’ensemble des communautés de ces 250 influenceurs soient bien intentionnés ou cherchent la réussite du projet.
C’est faux.
La seule chose qu’ils attirent en s’y prenant de cette manière, c’est une foule de spéculateurs affamés sur un token très peu liquide et avec 250 influenceurs qui ont eu des tokens à des tarifs préférentiels pour faire la promotion du projet.
Relisez le dernier paragraphe et répondez à cette question.
Dans le cas où on met en place une politique de libération qui évite une vente massive de tokens au lancement. L’issue n’est pas forcément les montagnes russes ou le bain de sang. Ça pourrait même être une bonne idée si les personnes ciblées font un travail éthique.
Et c’est ce qu’ils ont fait SatoshiVM, n’est pas ?
Par vraiment, non.
Ces 250 influenceurs, ils ont accès à 50% de leur token le jour du lancement, soit 7% du marketcap total au lancement.
Et puisque nous avons 20% des tokens réservés pour la liquidité qui sont aussi débloqués au lancement, plus les 1% et 2% des ventes sur les deux Exchanges Bounce et Ape Terminal, ces bougres, ils avaient une porte de sortie facile.
Le résultat, c’est que sur les 250 influenceurs, seulement 46 n’ont rien vendus ou acheté plus de tokens. Pour les autres, c’est 6.8 millions de profits nets :
Ce ne sont pas les seuls à avoir profité de tout ça, il y a aussi eu ce qu’on appelle les “snipers“ qui détectent l’arrivée de nouveau de tokens et se placent très tôt dessus.
Au final, c’était le contrat passé avec l’entreprise.
Même si on peut critiquer l’éthique derrière ces ventes par les influenceurs, ce qu’il faut surtout tirer comme leçons pour vous les lecteurs. Que vous soyez investisseurs ou builder, faites vraiment attention avec ce genre de stratégie de libération immédiate pendant les lancements.
C’est un catalyseur de volatilité et pendant un lancement, ce n’est généralement pas très bon signe. Il faut réfléchir et modéliser correctement les différents modes de lancement possible et l’allocation que l’on réserve à chacune des pools de notre allocation.
La réputation du projet a été profondément touchée par cet évènement et même si le projet à fait des efforts derrière en allongeant le Vesting des autres pools, pour l’instant le mal est fait. Bonnes ou mauvaises intentions, les conséquences peuvent être difficiles à rattraper ensuite.
C’est fini pour aujourd’hui !
Merci encore pour votre fidélité, et à la semaine prochaine.
Yrile.