Un token doit-il améliorer le produit ?
Petit spoiler, oui.
L'affirmation selon laquelle "Un token doit améliorer le produit", s'érige comme un principe fondamental dans le domaine du token engineering et de la Tokenomics.
Pour qu'un token prenne tout son sens et justifie son existence au sein d'un business modèle qui repose une blockchain, il doit apporter une réelle plus-value au produit qu'il accompagne.
Le but d’un token design réussit, c’est de sublimer un produit. Faire en sorte que sans le token, la valeur qu’il apporte et capture soit négligeable comparée à ce qu’il pourrait apporter et capturer avec.
Prenons l'exemple de tokens tels que CRV et GMX.
Ces tokens ont un impact direct sur la liquidité des plateformes qu'ils servent, ils permettent de réduire le slippage et offrent aux utilisateurs une expérience améliorée. Ils ne sont pas là simplement pour exister, ils ont un rôle précis et contribuent à l'efficacité et la capture de valeur globale du système.
De même, $dYdX et $MKR de Maker DAO, favorisent l'engagement communautaire et l'adoption.
Ils stimulent l'activité et renforcent les liens au sein de leur communauté respective. $LINK, de son côté, apportent stabilité et simplicité pour les différents acteurs économique de son réseau, des valeurs ajoutées indéniables pour leurs utilisateurs.
Cependant, je pense qu’il est crucial de se poser la question : ces tokens sont-ils absolument nécessaires ? La réponse n'est pas tranchée.
Bien sûr, les produits pourraient exister sans ces tokens, mais leur présence apporte indéniablement une amélioration. Ils résolvent des problèmes spécifiques, facilitent des processus et enrichissent l'expérience utilisateur.
Il est essentiel pour les créateurs de se demander comment leur produit fonctionnerait sans le token.
Si la suppression du token n'entraîne aucun sacrifice ni compromis sur la qualité du produit, alors la nécessité de son introduction pourrait être remise en question. Le token doit servir un objectif clair, apporter une valeur ajoutée et améliorer le produit de manière tangible.
Le design d'un token devrait résoudre des problèmes d'action/coordination collective, orchestrant et motivant les participants à fournir collectivement des services qui ne pourraient être générés par des comportements individuels.
Un exemple un bout cliché, mais toujours vrai, c’est le staking.
Sans un système de récompense, personne ne voudrait sécuriser un réseau. Pourquoi faire ?
Par contre, avec un système de récompense, là, les participants sont incités à adopter ce comportement. Ils adoptent ce comportement pour leurs propres intérêts personnels, tout en apportant des bénéfices à l'ensemble de la communauté.
Dans le cas d'Ethereum, la Tokenomics améliore le produit puisqu’il permet d’étendre les capacités de la machine virtuelle Ethereum (EVM) à gérer une multitude de cas d'utilisation qui ne pourraient autrement pas être traités de manière sécurisée.
Notamment grâce à la notion de gas, dont je parle dans cette newsletter :
De manière similaire, les Tokenomics comme celles de MakerDAO et Curve, améliorent leurs produits respectifs en augmentant l'engagement communautaire et en alignant les incitations, les intérêts à long terme de tous les acteurs.
L’idée est de se rapprocher au plus d’un modèle qui a été appelé : Le win-win-win modèle.
En somme, bien que le produit puisse exister sans le token, il est indéniablement renforcé et amélioré par sa présence. Les tokens ne sont pas seulement des instruments financiers, ils sont des catalyseurs d'innovation, des amplificateurs d'efficacité et des agents de changement positif au sein de leurs écosystèmes respectifs.
C'est cette synergie entre le token et le produit qu'il sert qui détermine la réussite du design du token et, par extension, le succès d’un produit, d’un projet dans son ensemble.
Leçon de la Semaine : Les DAO’s
“Et si, avec la puissance des technologies de l'information modernes, nous pouvions coder l'énoncé de mission en code ; c'est-à-dire créer un contrat inviolable qui génère des revenus, paie des personnes pour exécuter certaines fonctions et trouve du matériel pour fonctionner, le tout sans avoir besoin d'une direction humaine descendante ? “
Vitalik Buterin, 2013
Oui jeune Vitalik, tu avais encore raison.
Cette définition avant-gardiste d’un système d’organisation autonome a bel et bien vu le jour ces dernières années.
C’est la DAO, ou organisation Autonome Décentralisée.
Qu’est-ce qu’une DAO ?
Une DAO, c’est le regroupement d’un groupe d’être humains, de manière décentralisée, dans le but d’accomplir une tâche commune gérée en partie grâce à un réseau distribué et des Smarts Contracts.
O.. pour organisation
Pour faire avancer les choses, les humains se sont toujours organisés en groupe.
La tribu permettait une meilleure survie et une reproduction plus accessible à la préhistoire. Une escouade, un gang, un équipage, une entreprise. Le regroupement des êtres humains est une pratique ancestrale, profondément ancrée dans notre cerveau archaïque depuis la nuit des temps. Les DAO ne sont pas différentes, c’est simplement la suite logique de cette évolution du regroupement.
A.. pour Autonome
Comment fonctionne une organisation traditionnelle, comme une entreprise ?
Il s’agit grosso modo d’un groupe de personnes qui travaillent collectivement dans un but précis : la prospérité de l’entreprise.
Sauf qu’une entreprise est forcément hiérarchique, géré manuellement, avec une activité privée et nécessitante des manipulations humaine, sujette à la manipulation.
Mais en revanche, l’infrastructure d’une DAO est un logiciel qui peut être exécuté sur n’importe quel ordinateur, partout dans le monde, sans avoir besoin de la bénédiction d’une quelconque entité centralisée.
Les DAO peuvent établir leurs propres règles concernant les objectifs communs de chaque membre, l’adhésion, le vote etc..
C’est, tout simplement, une redistribution des cartes en ce qui concerne les prise de décisions pour l’évolution du projet qui est dirigé par cette nouvelle forme de structure décisionnaire.
D.. pour décentralisé
Les DAOS sont décentralisés de plusieurs manières différentes :
L’infrastructure
Les DAOs sont bien évidemment accessibles via le web, mais son infrastructure, sa colonne vertébrale n’est pas hébergée sur un seul site comme Facebook, Leboncoin ou autre..
Elle est ancrée dans un réseau décentralisé et distribué, une Blockchain.Mécanisme de financement et de dépense
L’allocation du budget d’une DAO n’est pas déterminée par une seule personne ou par un groupe de personne. En réalité, dans certains projets, les équipes dirigeantes, lorsqu’elles souhaitent passer vers une DAO, imagine un premier modèle de gouvernance. Qui petit à petit, au fur et à mesure que l’engagement se renforce, va pouvoir changer, évoluer vers une distribution du pouvoir plus élargie qui se rapprochera d’une “décentralisation acceptable“. Et tout ça, seulement sur ordre d’une décision communautaire.
Par exemple, on pourrait changer le taux d’inflation en diminuant les rewards qu’obtiennent les stakers, ou ceux qui fournissent les liquidités d’un DEX. Ou encore voter qu’un pourcentage plus important des frais récoltés aillent dans la pool communautaire.
Et les décisions peuvent aussi concerner comment allouer du capital pour financer l’implémentation d’un nouveau service qui pourrait améliorer le produit de base. C’est ce que l’on voit sur Osmosis ou dYdX par exemple avec la création de sous-DAO’s qui possède leur budget respectif en fonction de la mission qui leur a été donné à la création.
Les moyens de financement sont complexes, mais une fois la DAO bien construite et surtout adoptée par une base importante d’utilisateurs engagés. Alors la responsabilité du seccès ou échec des mécanismes de financement et d’utilisation du capital reviennent à l’ensemble de la communauté elle-même.Gouvernance
Il existe différents types de hiérarchie suivant la DAO, mais la plupart du temps, tout est centré autour de la méritocratie, c'est-à-dire de l’implication au service de la communauté dans son ensemble.
En permettant à quiconque de proposer une idée et à tout le monde de voter dessus, les DAO favorisent une méritocratie des idées qui cultive tous les talents disponibles au sein d'une organisation. Ainsi que la distribution du pouvoir décisionnel en faveur de la sagesse de la foule.
Ensemble, cela crée une organisation beaucoup plus efficace sur le plan économique qui, au fil du temps, surpassera les hiérarchies les plus inutiles.
Globalement, je pense que les DAOs sont vraiment l’évolution de notre système d’entreprise pyramidale.
Nous sommes encore très loin d’une vraie reconnaissance de la puissance potentielle des DAO’s. Une chose est sûre, la finance numérique n’a pas supprimé le besoin d’institutions, elle a simplement modifié la forme et la gouvernance de ces institutions pour en créer de nouvelles.
Retenez bien ce message, mais dans quelques années, les DAOs seront beaucoup plus présentes dans notre société, car c’est l’une des utilisations d’un réseau dont l’organisation est distribuée, les plus pertinentes et intéressantes.
Merci pour la lecture, j'espère que vous aurez appris des choses.
C'est toujours un plaisir.
Yrile
J'apprends toujours quelque chose avec vous.
Je vous remercie jamais assez.